mardi 12 avril 2011

L'émergence du Centre comme force politique majeure.


Le 7 avril dernier, Jean-Louis Borloo annonce sur France 2 dans l’émission A Vous de Juger un mouvement nouveau. Objectif de l’alliance: former une alternative à la fois à la politique du Président Nicolas Sarkozy,  ainsi qu’au principal parti d’opposition le Parti Socialiste. Au mois de Mai prochain aura lieu l’officialisation par le vote de l’indépendance du Parti Radical de Borloo vis-à-vis de l’UMP.  Borloo précise que cette « alliance républicaine sociale et écologiste » serait effective « certainement avant l’Eté».  Elle  reprendrait le système des primaires pour désigner un candidat à cette union des partis du Centre. 

L’alliance regrouperait le Nouveau Centre, le Parti Chrétien-Démocrate, et le parti de la  Gauche moderne, ainsi que tout autre centriste qui déciderait de s’y rallier. Ici se joue l’émergence du Centre comme « vraie » force politique autour de Borloo et du Parti radical. Ce nouveau parti du Centre a vocation à présenter un candidat sérieux à la présidentielle 2012 n’étant pas sous le giron de l’UMP.
Pour rappel, le centre existait par le passé surtout par l’UDF, qui éclata après l’élection présidentielle de 2007 en deux partis. Alors présidé par François Bayrou, le Modem se créa des cendres de l’UDF en ayant pour vocation de devenir l’opposant fondamental de Nicolas Sarkozy. Certains des partisans proches de Bayrou acceptant l’idée, mais refusant la dérive trop dissidente à leurs yeux, décidèrent de créer le Nouveau Centre. Son Président, Hervé Morin, insistera au fil des mois suivant sur des valeurs propres au Centre en rupture avec le gouvernement de François Fillon, sans pour autant sortir de la majorité présidentielle sous l’égide de l’UMP.  

L'alliance des partis centristes représentent une multitude de tendance politique.

Une idée commune les fédère: se distancer de la dérive sécuritaire et populiste du régime.
Depuis quelques mois on assiste de la part de la droite classique à l’abandon progressif de la politique du Président de la République. Des valeurs plus traditionnelles et républicaines sont alors évoquées. Cette alliance se réclame de l’humanisme,  du gaullisme social, ou encore de l’universalisme. Concrètement, les centristes s’opposent à la politique menée  par des personnalités comme l’actuel ministre de l’intérieur Claude Guéant, ou de son prédécesseur Brice Hortefeux.
Christine Boutin affirme dans une interview sur BFM-TV qu’elle ne veut en aucune manière donner de l’oxygène au FN comme le fait le gouvernement actuel. Elle dénonce l’obsession de L’UMP pour les questions sécuritaires sur l’immigration et la laïcité.
Au fond, ce mouvement traduit le « malaise » ressentit par le centre et la droite classique  ces derniers mois. On retrouve même la gauche de la Gauche Moderne  présidée par Jean-Marie Bockel ancien socialiste.

Morin, Boutin, Bockel, Borloo … Les chefs de partis dans une concurrence démocratique en trompe l'oeil.

L'ancien ministre à l'origine du Grenelle de l'environnement se présente en « candidat naturel » ( selon les termes d’Arlette Chabot dans l’émission A Vous de Juger). Il garantit être un candidat indépendant de Sarkozy, chef de file d’une opposition nouvelle gravitant au centre. Un large consensus émane des grosses têtes du futur parti centriste autour de cet ancien avocat.  
En revanche, de fortes ambigüités persistent. Bien qu’il ait quitté l’UMP, Borloo n’a cessé de se réclamer de la majorité présidentielle. Au cours de l’émission d’Arlette Chabot, on a pu percevoir une grande révérence de Borloo à Sarkozy (peut-être pour montrer son respect de la fonction présidentielle). Et rappelons nous qu’au cours des élections passées, le centre a traditionnellement presque toujours soutenu le candidat leadeur de la droite, quitte à n’imposer aucune condition à sa victoire. Il faut aussi se souvenir du rôle fondateur du centre dans la création de l’UMP qu’il critique tant aujourd’hui. Cette nouvelle alliance pourrait n'être qu’une réserve de voix pour le candidat final de l’UMP. N’oublions pas non plus que Borloo n’a jamais fait preuve de constance dans ses choix politiques, retournant sa veste au dernier moment. Il a toujours su être du coté des vainqueurs. 


En définitive, Le centre semble enfin pouvoir représenter un mouvement qui pèse sur la scène politique française. Dans les prochains mois nous saurons si l’émergence du centre n’est qu’une réserve de voix de l’UMP, ou au contraire une véritable force provoquant l’éclatement de l’UMP et un nouvel acteur ?